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Accueil | Actualites | Santé au marché : le combat silencieux des vendeuses guinéennes
Par Djenabou Sow Conakry, Avril 2025
Elles sont les reines des étals, piliers de l’économie informelle guinéenne. Chaque jour, de l’aube jusqu’à la tombée de la nuit, elles vendent du poisson fumé, des condiments, du riz ou des habits de seconde main. Elles sont mères, épouses, soutiens de famille. Et pourtant, derrière leur sourire, se cache une réalité trop souvent ignorée : la dégradation constante de leur santé.
Mariam, 52 ans, vend des condiments au marché de Madina, à Conakry, depuis plus de vingt ans. Assise sur un petit tabouret, à même le sol, elle confie : « J’ai tout le temps mal au dos, mais je ne peux pas aller à l’hôpital. Ça coûte cher et je perds une journée de vente. » Comme elle, plus de 50 % des vendeuses souffrent de douleurs lombaires chroniques, mais hésitent à consulter car une visite médicale coûte l’équivalent de 2 à 3 jours de revenus. Ces milliers de femmes endurent chaque jour les douleurs liées à leur travail. Rester debout pendant des heures, porter des charges lourdes, travailler dans la poussière ou à côté des foyers de cuisson tout cela laisse des traces.
Au KM36, Hawa vend du poisson fumé. Elle souffre de troubles respiratoires, causés par la fumée constante des foyers. Elle nous explique “ C’est mon métier depuis 10 ans. Je reste debout toute la journée à côté du feu pour fumer mes poissons. J’ai souvent des douleurs aux yeux et je tousse beaucoup. Il n’y a personne pour nous parler de santé ici.”
À Koloma, Aminata, vendeuse ambulante, raconte la difficulté de gérer ses menstruations en pleine journée, sans toilettes adaptées.
“Je fais le tour du marché avec mon bac de mangues sur la tête. Pendant mes règles, je n’ai nulle part où aller. Les toilettes qui sont ici peu sont propres, c’est pourquoi certaines femmes, utilisent les boites vides de tomates pour se soulager. On souffre en silence.”
Une enquête informelle menée dans certains marchés de Conakry révèle que plus de 65 % des vendeuses travaillent même en étant malades. Beaucoup de vendeuses n’ont pas de couverture santé, ce qui les pousse à l’auto médication. D’après l’OIT et l’OMS Afrique, moins de 30%
Le docteur Mounthaga Diallo, médecin au centre de santé de Koloma, confirme : « Nous recevons souvent des femmes vendeuses avec des douleurs chroniques, des infections ou des cas avancés de maladies. Elles attendent le dernier moment pour venir. »
À ces problèmes physiques s’ajoutent des troubles psychologiques : stress financier, harcèlement, solitude. La santé mentale de ces femmes est un sujet encore plus tabou.
Intégrer les marchés dans les programmes de santé communautaire, serait une piste durable. Former les femmes elles-mêmes à devenir relais de santé dans leur marché pourrait aussi renforcer l’impact.
Pour rappel, ces femmes sont les nourrissent nos familles, elles font tourner les marchés, soutiennent des générations entières. Et pourtant, leur santé reste dans l’angle mort des politiques publiques. S’occuper de la santé des femmes vendeuses, c’est non seulement une question de justice sociale, mais aussi d’efficacité économique.
La Guinée ne pourra pleinement se développer si elle continue à laisser ses actrices économiques les plus résilientes s'usent à petit feu dans l’indifférence générale
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