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L'outil de sécurité sociale au Brésil (MEI) et sa relation avec les vendeurs ambulants

Par Maira Vannuchi

Au Brésil, nous disposons d'une politique de sécurité sociale récemment créée en faveur des travailleurs informels. Le gouvernement fédéral a mis en œuvre cette politique de formalisation en 2008, lors du deuxième mandat du PT (Parti des travailleurs).

Le MEI, abréviation de Micro Entrepreneur Individuel, est un enregistrement qui offre de nombreux avantages aux travailleurs informels. Simple, peu coûteux et non bureaucratique, le MEI offre d'excellentes conditions pour que tout travailleur informel puisse cotiser mensuellement et obtenir ainsi une couverture considérable du système de sécurité sociale comme par exemple une pension de retraite et d'invalidité. En outre, le MEI permet au travailleur de créer une entreprise via Internet, exempté des frais d'enregistrement. Il est possible d'embaucher un employé, d'avoir accès à des services bancaires, notamment au crédit, et à des réductions d'impôts. De plus, le gouvernement fédéral fournit un soutien technique par l'intermédiaire du SEBRAE, un organisme public qui soutient les projets d'entreprises.

Nous ne pouvons pas nier que cette politique d’enregistrement est très intéressante et constitue un excellent modèle pour les pays qui cherchent à formaliser leurs travailleurs informels. Cependant, ceux qui connaissent en profondeur et de près les problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les vendeurs de rue au Brésil s’accordent à dire que pour eux ce modèle, bien que bénéfique, est imparfait et contradictoire.

Français À Rio de Janeiro, par exemple, le département municipal du travail, suivant les directives du gouvernement fédéral, a encouragé et offert aux vendeurs de rue l'opportunité de s'inscrire au MEI. Cependant, plus de 5000 2012 vendeurs formalisés en XNUMX (devenant une entreprise et cotisant mensuellement au système de sécurité sociale) n'ont pas de licence pour vendre dans la rue. Le MEI est une politique nationale de formalisation qui englobe tous les commerçants informels, mais ne peut pas garantir le travail des vendeurs de rue. Le Brésil étant une fédération, le terrain urbain et le droit de l'occuper à quelque fin que ce soit sont réglementés par les gouvernements municipaux. Ainsi, le MEI en tant que politique nationale permet aux vendeurs de rue d'avoir une couverture de sécurité sociale et des conditions commerciales satisfaisantes, mais ne leur assure pas le droit de travailler dans la rue. Il n'a donc aucun rapport avec les conditions de travail réelles et vise donc à formaliser et non à réglementer la vente de rue.

La vente ambulante à Rio de Janeiro et dans de nombreuses autres villes du Brésil se déroule de manière irrégulière, car le nombre de licences existantes est bien inférieur au nombre de vendeurs. Cette situation entraîne la criminalisation et la persécution des travailleurs. Les mêmes travailleurs qui sont délégitimés et méprisés par les autorités municipales sont, pour le gouvernement fédéral et le fisc, des travailleurs formels.

Bien que l’IME offre indéniablement des garanties et des avantages aux travailleurs, elle n’améliore pas les conditions de travail des vendeurs de rue et, au-delà, ne garantit même pas leur droit au travail. On ne peut s’empêcher de penser à la contradiction de toute cette situation institutionnelle : le gouvernement crée un dispositif pour collecter l’impôt sur les vendeurs de rue et l’inscrire dans les registres des salariés, mais il n’assume aucune responsabilité pour le travail décent et le droit du travail.

Pour concevoir une politique de sécurité sociale plus satisfaisante pour les vendeurs de rue, il faut prêter attention à ce qui arrive à ces travailleurs, comprendre leur univers de compétences et, surtout, les écouter. Au Brésil, il n’existe pas (et il n’y a jamais eu) d’espace institutionnel de dialogue entre le gouvernement fédéral et les vendeurs de rue. Une politique nationale intégrée de formalisation ne s’occuperait pas seulement de la question de la régulation, mais irait plus loin, en réfléchissant à la délivrance de licences et aux conditions de travail des vendeurs informels et en réfléchissant au concept d’entrepreneuriat proposé par le MEI.

Le Brésil est un pays dont le développement économique s’est basé sur un modèle industriel et qui s’appuyait sur l’idée du plein emploi. La crise du travail formel et l’augmentation de l’informalité apparaissent comme un échec qu’il faut corriger (c’est-à-dire inclure dans le secteur formel) à tout prix. Le problème devient plus grave lorsque nous voyons le mouvement ouvrier lui-même soutenir la fin de l’informalité et choisir d’ignorer toute initiative d’organisation des travailleurs informels, se battant exclusivement pour l’augmentation de l’emploi formel dans des secteurs comme la construction, le commerce, les transports, etc. Il devient plus difficile de lutter pour le travail dans les espaces publics lorsque nous ne voyons aucun effort de la part des syndicats pour organiser les travailleurs informels, mais que, d’un autre côté, nous voyons beaucoup d’énergie investie pour éradiquer l’informalité et inclure ses travailleurs dans le système d’emploi formel. Le résultat de cette conjecture est une fragmentation encore plus grande des organisations de travailleurs informels et une politique nationale qui, sans surprise, individualise les vendeurs de rue, en vendant l’idée fausse que le micro-entrepreneur est la personne qui, avec des incitations, une formation et des opportunités commerciales appropriées, va certainement se développer.

Ce que nous, les pauvres des villes et les mouvements sociaux, devons dénoncer, c'est que le vendeur de rue n'obtiendra des conditions de travail favorables qu'en s'organisant, en s'unissant et en coopérant entre eux pour lutter collectivement pour le droit au travail, le droit à la rue et le droit à la ville, qui insistent de plus en plus pour effacer les stigmates de la pauvreté. Nous devons faire comprendre que « grandir » n'est pas une question de « volonté » et d'« investissement de temps et d'énergie », mais que nous vivons dans un système économique qui génère la pauvreté, exploite les travailleurs et n'offre pas l'égalité des chances.

Nous avons beaucoup à apprendre de nos frères asiatiques et africains qui, malgré toutes les difficultés, sont des modèles d’organisation politique des travailleurs informels et ont réussi à légitimer et à reconnaître les vendeurs de rue comme des sujets vitaux de l’économie sociale de leurs pays.

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