28 Août 2009
Le rapport de l’équipe de travail provinciale du KwaZulu-Natal (PTT) est une déception majeure, car il donne le feu vert aux responsables municipaux d’eThekwini et aux promoteurs immobiliers capitalistes pour accélérer leurs plans de confiscation du site du marché, de démolition du marché et de construction à sa place d’un centre commercial. Le rapport prétend sauver le marché en affirmant sans ambages « Dans la mesure du possible, des efforts devraient être faits pour intégrer les bâtiments (EMM) dans le développement ». Le groupe de soutien à l’EMM est totalement opposé à une nouvelle privatisation d’une ressource populaire. L’intention de placer l’EMM, vieille de 99 ans, entre des mains privées est inacceptable et constitue une tentative pathétique de masquer le vol de terres publiques historiques.
Après les blocages des marchés, l’occupation policière et les fusillades de juin 2009, le gouvernement provincial a décidé que « la meilleure façon de désamorcer la situation volatile était de mettre en place une équipe spéciale, de susciter des attentes, de laisser les choses se calmer, puis de « tuer la résistance ».
Le rapport du PTT est incomplet : il ne mentionne pas les arguments présentés par ceux d’entre nous qui s’opposaient à la démolition du marché de produits frais, vieux de 99 ans. Nos observations n’ont pas été prises en compte et nos protestations ont été ignorées. Il n’y a aucune référence discernable aux observations écrites détaillées des Early Morning Market Traders, du Social Movements Indaba, de la 1860 Legacy Foundation et de divers universitaires. Après la réunion du PTT du 23 juin, tenue dans la salle de conférence du MEC, à laquelle ont participé l’association EMM, le maire et son adjoint, aucune autre discussion n’a eu lieu avec l’association EMM ou le large groupe de soutien. Le PTT a ignoré l’EMM et a concentré son attention sur les responsables de la ville, en organisant plusieurs consultations avec eux.
L'équipe spéciale déclare dans l'article 14 qu'elle n'est pas une commission d'enquête et qu'elle n'a pas vocation à établir des constatations de fait. Pourtant, elle n'hésite pas à relever les commentaires douteux suivants provenant de soumissions inconnues :
26(c) L'opinion a été exprimée selon laquelle « les prix du marché sont basés sur la couleur, il existe un prix indien, un prix européen et un prix africain ».
26(f) Un point de vue plus souvent avancé est que le marché répond aux « intérêts indiens » et que tous les groupes raciaux devraient être pris en compte.
Le PTT lui-même renforce les opinions négatives sans faire la moindre tentative de vérifier les faits, du moins sur les questions susmentionnées, puisque son rapport indique (article 48) que le « débat a pris des connotations raciales regrettables ».
Le PTT semble également vouloir accélérer les procédures d'EIE et d'AMAFA, en fixant des délais serrés pour leur finalisation (31 octobre 2009). En ce qui concerne l'EIE, l'article 61 recommande que « l'évaluation de l'EIE sur le site actuel soit menée à bien étant donné qu'il ne s'agit pas d'un projet de développement Greenfield ». Sur la question de l'AMAFA, l'article 50 recommande que « le processus d'appel de la ville auprès du Premier ministre concernant le refus de l'AMAFA de démolir le bâtiment du marché soit finalisé ».
Les recommandations « gagnant-gagnant » du PTT sont contre le marché. Il est clair que la valeur historique du marché est très peu appréciée. Après tout, il a été entaché de connotations raciales – il est d’autant plus facile de le démolir, sans que la nation ignore son glorieux passé !
Dans l’État en développement qu’est l’Afrique du Sud, les intérêts de la classe des millionnaires (et de ceux qui aspirent à le devenir) semblent primer sur les problèmes de pain et de porridge des pauvres. Rien ne justifie la privatisation du marché de produits frais de la ville, ni le retrait d’un bien de l’État aux démunis pour le donner aux riches.
Roy Chetty
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