8 Juin 2009
À la suite des manifestations de masse contre le projet de relocalisation forcée de 7 000 à 10 000 travailleurs informels dans et autour du marché matinal de Warwick Junction, l’appel suivant a été lancé lors de la 98e session de la Conférence internationale du Travail de l’OIT pour associer les gouvernements locaux aux plans de relance de la crise économique mondiale.
Discours devant le Comité plénier sur les réponses aux crises
Point VII de l'ordre du jour
98e session de la Conférence internationale du Travail (juin 2009)
Cette intervention porte sur les effets de la crise mondiale sur les travailleurs de l’économie informelle, c’est-à-dire les travailleurs salariés précaires et les travailleurs indépendants dans une économie intégrée (et non pas deux économies parallèles), comme le décrit la clause 4 des conclusions de l’OIT de 2002 sur le travail décent et l’économie informelle. Sur les marchés du travail de nombreux pays en développement, plus de la moitié des travailleurs (le comité a entendu dire qu’en Inde, ce chiffre atteint 92 %) luttent pour gagner leur vie dans diverses formes de travail précaire et informel.
Il existe un mythe selon lequel ces travailleurs seraient en quelque sorte protégés des effets de la crise. Au contraire, les contrats précaires sont souvent les premiers à être résiliés – sans même être comptabilisés dans les statistiques officielles (déjà mauvaises) sur les pertes d’emploi.
Les gouvernements locaux, qui se considèrent comme non responsables des problèmes du marché du travail, aggravent cette tendance en répondant à la crise en mettant fin aux contrats temporaires des travailleurs précaires qui travaillent pour eux depuis 10 à 15 ans, parfois plus. Ils expulsent également les commerçants informels de l’espace public qui constitue leur lieu de travail sans les consulter sur les alternatives possibles, dans leurs tentatives malavisées d’attirer des investissements dans les infrastructures en vendant des biens publics à des promoteurs immobiliers privés.
Cela détruit non seulement les moyens de subsistance d’un grand nombre de travailleurs précaires et informels, mais a également des effets négatifs sur la sécurité alimentaire des consommateurs pauvres en éliminant leur accès à des aliments frais de base et à des produits ménagers moins chers, car les marchés traditionnels (au lieu d’être améliorés et modernisés) sont remplacés par de nouveaux centres commerciaux multinationaux.
Conformément à la Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, au Cadre stratégique 2010-15 et au Pacte mondial pour l’emploi proposé par l’OIT, nous exhortons les gouvernements à associer de toute urgence les autorités locales à leurs plans de relance économique, et à :
- les encourager à adopter des stratégies de développement économique local (DEL) favorisant le maintien de l’emploi et des moyens de subsistance existants, et à promouvoir des régimes locaux de protection sociale innovants, comme contribution à la reprise économique ;
- les sensibiliser aux conséquences négatives à long et moyen terme de toute mesure à court terme ayant pour effet (même involontaire) de détruire les moyens de subsistance, en particulier ceux des travailleurs les plus vulnérables, pendant la crise économique mondiale ;
- les exhorter à s’engager dans un dialogue social approfondi et efficace avec pour objectif de :
- être pleinement responsables devant leurs mandants de la société civile ;
- améliorer les niveaux de transparence concernant les décisions de développement impliquant des biens publics ;
- impliquer les travailleurs les plus vulnérables dans les solutions au niveau des collectivités locales contribuant aux plans nationaux de relance économique.
Ce dialogue social devrait compléter les autres niveaux de négociation collective et de dialogue social (c’est-à-dire bipartite, tripartite, multipartite, national et international) avec tous les partenaires sociaux, y compris les travailleurs organisés de l’économie informelle.
Présenté par : Pat Horn
Coordonnateur international
StreetNet international
au nom de WIEGO (Femmes dans l'emploi informel : mondialisation et organisation)
Palais des Nations, Genève
5 Juin 2009